
Emilie Brathwaite


Emilie Brathwaite vue par Alexia
L’auteure a imaginé un monde, inventé une histoire et crée des personnages. Parfois, elle nous sublime et d’autres fois elle nous abîme …
Elle sait tout de nous alors que nous nous ignorons tout d’elle. J’ai mené ma petite enquête ; histoire de ne pas mourir idiote ou plus honnêtement de mieux cerner celle à qui je dois d’exister. Voila ce que j’ai appris en interrogeant quelques créatures mal lunées, deux Estéantes, une voix d’outre-tombe et un sefona.
Pour commencer … Pourquoi Emilie Brathwaite ?
Emilie est en vérité son second prénom et ce n’est pas anodin qu’elle ait choisi celui-ci plutôt qu’un autre mais ça c’est une autre histoire que la voix d’outre-tombe a préféré taire. Brathwaite est le nom de sa grand-mère maternelle. En plus de m’avoir donné son prénom, elle a voulu lui rendre hommage en portant ce nom. Il est vrai qu’elle a enrichi son imagination rien qu’en étant elle-même. Ceci explique peut-être cela… Allez savoir !
Emilie Brathwaite est née à la Martinique une année frappée d'un 7 et curieusement lors d’un mois dont les premières lettres forment elles aussi le mot sept. Je comprends mieux la place prépondérante qu’occupe ce chiffre dans le roman.
À la maternelle, pas de souvenir inoubliable !
Ne serait-ce que selon les dires de Limonde le sefona, l’école avait des airs de château merveilleux pour elle. Petit détail mais qui a toute son importance.
Au CP, elle vénère sa maîtresse : celle-ci entrouvre enfin la porte du monde des lettres, des déliés et des mots. En peu de temps, la petite Emilie devient une dévoreuse de livres. Dans sa bibliothèque, les tomes de la Comtesse de Ségur et les contes d’Andersen s’entassent les uns sur les autres. Le temps passe…Au collège, elle étudie le latin. Les déclinaisons, ce n’est pas vraiment son truc… Elle finit par décrocher mais elle est déjà accro aux mythes et aux légendes qui entourent Thésée, Icare, Ariane et Ulysse…
Au lycée, notre jeune mordue de littérature découvre les joies de l’explication de textes mais ce ne sont pas les mots qui l’intéresse mais la magie qui se cache derrière. Son bac Littéraire en poche … que faire ?
Elle hésite entre devenir psychologue pour enfants, scénariste (c’est une enfant de la télé) ou chef cuisinier (la cuisine, c’est sa seconde passion) mais elle considère que ces rêves sont trop grands pour elle.
Emilie choisit de s’inscrire sans grande conviction à l’Université… Les lettres toujours les Lettres. C’est une des rares choses qu’elle connaisse et qui ne l’ennuie pas. Elle étudie Naipaul, Césaire, Austen, Voltaire, Hugo et Maupassant…
Elle trouve fascinante et à la fois troublante l’œuvre d’Oscar Wilde. Puis vient l’heure d’intégrer le monde du travail. Elle aime la littérature… Pourquoi ne pas l’enseigner ?
Elle le fait avec exaltation pendant un temps puis vient l’heure des doutes et des hésitations. Durant toute cette période, Emilie a rangé au placard ses écrits. Des mondes sont laissés aux oubliettes, de jeunes téméraires sont enfermés dans des geôles, des âmes rôdent sans fin et des dames blanches s’évaporent au clair de lune. Emilie se cherche. La littérature, c’est sa passion mais est-ce réellement la voie qu’elle doit suivre ?
En 2007, alors qu’elle patiente sous un soleil de plomb, un jeune lycéen passe à côté d’elle. Il est trop particulier pour qu’elle n’en fasse pas la description. Des détails sont ajoutés à ce portrait qu’elle garde précieusement ; Aredjane prend vie et moi aussi. Une histoire, des entrelacements, une intrigue, des énigmes, une langue « le Mestrian », un monde, un pacte et de troublants secrets… Celui qui Est voit le jour et finit même au bout de quelques mois par compter plus d’un millier de pages.
En 2009, elle prend son courage à deux mains et envoie son manuscrit. Il y a un premier non, puis un deuxième, puis un troisième... Elle décide de scinder le roman en deux, d’alléger ce gros pavé qui semble indigeste mais rien n’y fait… Les lettres de refus s’accumulent et ses espoirs finissent par s’estomper pareils au déclin du jour.
Dépitée, Emilie coince ses écrits entre deux liasses de paperasse et se concentre sur son métier mais je suis là et le vieux papier, ça m’empêche de respirer. Je reviens la hanter. Qu’importe que ce roman soit publié, le tout c’est que nous continuons à exister !
Emilie écrit de nouveau, m’invente des amis, de grands ennemis et sans trop y croire poursuit sa quête d’un éditeur.
En mai 2013, Celui qui Est est publié aux Editions Jets d’Encre. Aujourd’hui, ce que je peux dire (étant donné que je suis la première concernée) c’est qu’elle achève l’écriture du tome 3. Cette histoire, elle y tient tout autant que nous. Sa vie serait moins drôle sans cette pléiade de personnages fantasques qui envahissent sans crier gare son quotidien et cela jour et nuit. Voilà, mes investigations sont terminées. En apprendre un peu plus sur elle m’a permis d’en apprendre un peu plus sur moi mais je ne dévoilerai rien de tout cela ici. Maintenant, il me faut trouver le moyen de renvoyer Limonde chez lui et ça c’est loin d’être une mince affaire !
Vous comprendrez … un jour, peut-être !
Bien à vous.